
Les anglicismes
Les anglicismes font partie de notre quotidien, ici, au Québec. Que vous soyez un professionnel du domaine langagier ou que le français soit votre langue maternelle, vous avez certainement rencontré et utilisé des termes empruntés à l’anglais dans différents contextes. Nous, langagiers, devons souvent jongler avec ces mots et expressions. Notre devoir est de préserver la langue française tout en rendant un texte compréhensible pour le public cible.
Les pièges
Lorsque nous traduisons un texte qui contient des anglicismes, nous nous retrouvons souvent face à un dilemme. Doit-on les conserver pour préserver l’exactitude d’un texte source ou les remplacer par des équivalents en français? C’est un choix qui dépend du contexte et bien entendu du public visé par le message.
Catégories d'anglicismes
Il existe plusieurs catégories d’anglicismes :
Anglicismes sémantiques : mots qui existent dans les deux langues, mais qui sont mal utilisés.
Ex. : pamphlet pour dépliant.
Anglicismes lexicaux : emprunts à l’anglais.
Ex. : reset pour réinitialiser et vol domestique (domestic flight) pour vol intérieur.
Il en existe une panoplie et chaque type représente un défi pour les traducteurs.
Les avantages
Les anglicismes sont si courants parce qu’ils permettent souvent d’exprimer des idées parfois complexes en quelques mots, la langue anglaise utilisant en moyenne 10 % moins de mots que le français en contexte de traduction. Par exemple, le terme « email » est beaucoup plus court que « courrier électronique » et est bien connu, ce qui peut être avantageux lorsque l’espace est limité ou dans un contexte où il faut utiliser le moins de mots possible.
De plus, les anglicismes sont souvent utilisés dans le langage de tous les jours, ils sont donc familiers. Certains mots, lorsque traduits, semblent artificiels ou peu naturels. Le but est de se rapprocher du lecteur et non pas de créer une distance.
Il faut garder en tête qu’une langue qui n’évolue pas meurt. Toutes les langues parlées dans le monde ont subi d’énormes transformations à travers les millénaires. Ces changements sont parfois difficiles à accepter et à appliquer, dont l’intégration de mots provenant d’autres langues, mais l’évolution d’une langue est nécessaire à sa survie. Regardez le français du 11e siècle comparé à celui d’aujourd’hui, la différence est énorme.

Les inconvénients
Les amoureux de la langue française voient plusieurs inconvénients à l’usage « excessif » des anglicismes. Il peut affaiblir l’identité linguistique en diluant le vocabulaire et en favorisant l’anglais dans de nombreux domaines.
Ils peuvent aussi créer de l’incompréhension pour certaines personnes pour qui l’anglais est une 2e ou 3e langue et pour ceux qui ne sont tout simplement pas familiers avec cette langue. Les anglicismes peuvent aussi parfois exclure certaines personnes des conversations puisqu’elles ne comprennent pas les termes utilisés.
Et le traducteur?
Le traducteur doit faire un choix lorsqu’il fait face à des anglicismes. Le contexte, le public et le texte lui-même doivent être évalués pour qu’il puisse décider de garder ou de remplacer ces termes par des équivalents français.
En traduction, il ne suffit pas de simplement transposer un texte d’une langue à l’autre, la traduction est un art, en quelque sorte. Certains textes plus techniques doivent être traduits mot à mot, il n’y a pas une grande marge de manœuvre, mais dans des domaines comme le marketing ou la publicité, pour ne nommer que ceux-ci, ils ont le loisir de trouver des solutions originales pour rendre un texte fluide et naturel dans le texte cible, tout en respectant les règles de la langue, bien entendu!
Au Québec, les anglicismes sont omniprésents dans notre langue et notre culture. En tant que traducteurs, notre objectif est de trouver le juste équilibre entre préserver l’authenticité du français et rendre un texte compréhensible et pertinent pour le public.
Les anglicismes sont à la fois des amis et des ennemis, selon la façon dont ils sont utilisés. Chaque traducteur a le devoir de prendre des décisions éclairées pour maintenir la richesse de la langue française, tout en répondant aux besoins de communications contemporains.